La Continuité Ultime

L'élément

Analyse des exemples

113 L'élément des êtres, dit-on,
Est enfermé par les passions,
Comme le bouddha dans son lotus,
Comme le miel l'est par les abeilles,
Comme le grain l'est par sa paroi
Comme l'or enfoui dans la fange,
Le trésor dans le sol, et l'arbre
Caché par l'écorce du fruit,
La précieuse statue par des loques,
Le monarque universel par
La matrice d'une guenilleuse,
L'image d'or, un moule d'argile ;
Cependant les passions lui sont
Extrinsèques sans que cela
N'ait eu aucun début puisque
L'absence de taches de la nature
De l'esprit est sans commencement.
113 Les neuf objets suivants, est-il dit, résument les exemples des taches occultantes : un lotus fané (1), des abeilles noires (2), la paroi d'une graine (3), des eaux usées sales (4), un sous sol (5),l'écorce d'un fruit (6), des haillons nauséabonds (7), la matrice de la femme (8), le moule de terre glaise noire (9). Les objets suivants résument les exemples illustrant la manière dont est occulté le Cœur, qui est comme le Bouddha paré des signes et des marques, comme le nectar de miel au goût d'élixir, comme le grain du riz, comme l'or brut inchangeant, le trésor de joyaux dont on ne connaîtra pas la fin, l'arbre et ses fruits, la belle et précieuse statue, le roi monarque universel, l'image d'or fin". Le point illustré par ces exemples est le suivant. L'enveloppe de passions occultant l'ainsité, l'élément des êtres, est adventice au sens où cette enveloppe est extrinsè que à la nature de l'élément. Même si sa présence est conjointe à la vacuité (dharmadhātu) sans que cela n'ait eu aucun début, puisque ces passions sont ainsi [adventices], la sagesse est conjointe au Cœur de l'Ainsi allé, la nature de l'esprit des êtres sensibles, dans une absence de taches sans commencement.
114 Les nonuples taches : désir, haine
Bêtise et celle de l'éruption
Violente de ces trois, tendance
Fondamentale à l'ignorance,
Celle qu'il faudra éliminer
Sur le chemin de la vision,
Celle à éliminer sur le
Chemin de la méditation,
Celle du support des Terres impures
Et celle du support des Terres pures,
Sont enseignées intégralement
Par les exemples du lotus,
De la paroi d'une céréale,
Et cætera. Les divisions
De ces passions conjointes qui
Font enclos sont infinies.
114 Les trois types de tendances psycho-corporelles, conditionnant le karma latent, tendances au désir , à la haine, et à la bêtise propre à la confusion sur ce qui simplement est ( de kho na nyid ) (1,2,3), l' éruption violente de ces trois poisons, agissant ouvertement, et conditionnant le karma méritoire ou non (4), la tendance psycho-corporelle [fondamentale] à l'ignorance, conditionnant le karma propre à renaître dans un corps de nature mentale (5), [les fautes] qu'il faudra éliminer sur le chemin de la vision (6), [les fautes] à abandonner sur celui de la méditation (7), la seule [faute] à abandonner dont le support est le courant mental d'un être qui demeure en l'une des sept Terres impures , pour qu'il renaisse dans en les terres pures, (8), [la faute] à abandonner finalement dont le support est le courant mental d'un être établi dans l'une des [trois] terres pures (9), voilà, si l'on résume en neuf aspects, les sortes de taches occultant la vacuité parfaitement pur, leur nonuple type (rnam pa) enseigné intégralement dans l'ordre par neuf types d' exemples (rnam pa) d'un lotus, de la paroi d'un céréale, des abeilles, et cætera .
Si l'on comptait les divisions de la substance ( rdzas ) de ces [neuf] passions conjointes faisant enclos, dissimulant l'élément, on distinguerait clairement qu'elles présentent d' infinies ramifications : quatre-vingt-quatre mille, etc., à l'instar des divisions sans fin de la sagesse de l'Ainsi allé. Les mots [d'Asańga] commentant ce qui vient d'être expliqué - "Si l'on résume les neuf passions, du désir, etc., dans le même ordre, elles sont enseignées avec pertinence par les neuf exemples. (p.72 A l .3)"- les rendent faciles à comprendre.
115 Dans l'ordre qui leur est propre, ces taches
Sont celles, quadruples, des infantiles,
Unitaire des ahrats et doubles
Des deux disciples, l'ordinaire
Et celui à l'esprit délié.
115 Tous les êtres sensibles ont le Cœur de l'Ainsi allé, a dit le bhagavan. Ce cœur dont il parle est voilé par les neuf types de taches adventices. Celles-ci rendent impurs d'une manière typique les individus infantiles relevant de la catégorie des êtres sensibles, les Vainqueurs de l'ennemi (arhrat) Auditeurs et Eveillés solitaires, les résidents de la voie ordinaire des disciples et ceux [de la voie] particulière des Héros pour l'éveil à l'esprit délié.
Encore, dans l'ordre correspondant , les trois poisons sont à la base des quatre premiers voiles : en tant qu'imprégnation psychocorporelle, ils sont l'impureté des êtres immatures des royaumes supérieurs. Dans leur éruption violente, ils sont l'impureté des êtres immatures du royaume du désir ; l'unicité fondamentale de l'imprégnation psycho-corporelle de l'ignorance est propre à l'impureté des Vainqueurs de l'ennemi.
De même, les deux [choses] à abandonner à la suite de la vision [de la vacuité] et au cours de la méditation [stable de cette vacuité] sont les impuretés des deux [groupes de] disciples, ordinaires et nobles [bodhisattvas] doués d'intelligence ; les deux sortes de taches prenant appui sur les sept terres impures puis sur les trois plus hautes terres, sont les impuretés des Nobles héros pour l'éveil n'ayant pas abouti puis de ceux ayant abouti [au but ultime]. Il revient à tel ou tel individu, suivant telle ou telle impureté prédominante chez lui, de procéder à son abandon car elle est son entrave [la plus accessible] à la réalisation ultime de la vacuité (dharmadhātu).
116 De même qu'un lotus éclos
Dans une mare réjouit,
Et devient ensuite affligeant,
Le désir enchante. De même
Qu'un grouillement d'abeilles qui,
Rendues furieuses, piquent, la haine
Nous prenant, fait souffrir le cœur.
A l'instar de l'amande d'un grain,
Riz et cætera , voilée sous
Une paroi qui lui est externe,
La vérité du Cœur ne se
Voit pas sous le voile, semblable à
La coque d'un œuf, de l'ignorance.
116 "La fleur de lotus fraîchement éclose dans sa mare , son pool, aussitôt réjouit intensément le spectateur qui lui fait face. Ensuite , le lotus se fane rapidement, et [son spectacle] devient affligeant . De même, quand l'attachement s'active nettement, éclos sous l'influence de l'imprégnation psychocorporelle de l'émotion perturbée du désir, et aussi d'un esprit fourvoyé, ce désir enchante de la même manière pour ensuite , si l'on en a été heureux, nous affliger, tel que le plaisir retiré de la vision du lotus." Ce disant, l'imprégnation psychocorporelle du désir est comparé au lotus. " Les abeilles grouillantes attachées au miel, si quelqu'un le leur prend, sont rendues furieuses par la colère et, comme si une épine leur était poussée, piquent de leurs dards. De même , sous l'impulsion de la tendance latente de l'état perturbé de l'aversion, la haine nous prend vraiment, et l'on fait du mal, on fait souffrir notre cœur et celui des autres". Ce disant, l'imprégnation psycho-corporelle de l'aversion est comparée aux abeilles. " A l'instar de l'amande de céréales telles le riz, etc., rendue invisible sous le voile d'une paroi qui lui est externe , épi, barbe extérieure, etc., la révélation de la vérité de la vacuité (dharmadhātu), par nature claire lumière, du Cœur de l'Ainsi allé, aussi, ne se voit pas sous le voile, semblable à la coque d'un œuf , de la tendance latente à la stupidité, à l'ignorance, etc." Ce disant, l'imprégnation psychocorporelle de l'ignorance est comparée à une coquille.
117 De même que la fange répugne,
L'éruption active des trois
Poisons est telle le ruisseau
Car ils causent l'asservissement,
De ceux que la concupiscence
Anime, à leur stimuli.
117 Il est dit des trois poisons que leur manifestation concrète ressemble à la fange : " Une substance fangeuse, à rebours d'une plaisante, est source de répulsion . De même , quand les trois poisons, les trois perturbations psychocorporelles (nyon mongs), tel celui-ci, sont en éruption active, leur concrétisation brutale est une source d'alarme, de trouble pareille au grand amas du ruisseau [de l'exemple] car ces trois poisons causent de nombreuses conduites négatives, chez ceux que la concupiscence , les animant dans le royaume du désir, asservit aux propriétés des stimuli .
118 Telle la pousse qui, grandissant
Peu à peu, fend l'embryonnaire
Sac de sa graine, la vision
De l'ainsité va repoussant
Ce qu'il convient d'abandonner
Sur le chemin de la vision.
Ce qu'il revient d'abandonner
Par la sagesse du chemin
Où l'on médite, chez les Vainqueurs,
De l'essentiel, au moment où Ils ont rejoint le Noble sentier,
Qui est la vue d'un groupement
Destructible, est enseigné
Comme similaire à des haillons.
118 " Telle la pousse d'un arbre qui, semence, tronc, branches, etc., grandissant peu à peu, fend [d'abord] progressivement le sac embryonnaire de sa graine, la vision progressive de l'ainsité absolue, de la vacuité repousse peu à peu, est-il dit, les passions qu'il convient d'abandonner sur le chemin de la vision. " Ainsi les impuretés à abandonner sur le chemin de la vision sont elles comparées à l'enveloppe d'une graine.
Ce qu'il revient d'abandonner par la sagesse du chemin où l'on médite sur cette vision directe de l'ainsité est enseigné comme semblable à des haillons tachés ou aux traces qui persistent quand celles les plus grossières ont été éliminées. Ce sont] les souillures subsistant dans le courant mental des Vainqueurs de l'ennemi ayant éliminé , grâce à la vision qu'ils ont du principal ou de l'essentiel à supprimer, la vue d'un groupement destructible constitué par les cinq agrégats et donnant lieu à la préhension d'un "je" et d'un "à moi", etc., à partir de leur jonction à la vision directe de la vacuité (dharmatā) des quatre vérités, qui est le chemin des Nobles bodhisattvas [ou le Noble Sentier]. Ainsi les impuretés à abandonner sur le chemin de la méditation sont-elles enseignées comme similaire à des haillons .
119 Ainsi que joyaux enterrés,
Que nul ne prend, ne les voyant,
En les êtres ordinaires Vainqueurs
De l’ennemi est enfoui
Sous les tréfonds de la tendance
Habituelle à l’ignorance,
Ce qui est présent de soi-même.
119 La tendance latente à l’ignorance, ainsi résumée, est comparée au sol : ’ Ainsi qu’un vaste trésor de joyaux inépuisables ignoré, caché, voilé sous une grande chape de terre, que nul miséreux, ne le sachant là, ne prend , la sagesse et de la vision présentes d’elles mêmes, dotée de qualités inépuisables, sont en les êtres ordinaires [Vainqueurs de l’ennemi] , qui, tels ces pauvres, ne les voient pas car elles sont enfouies aux tré fonds de la tendance habituelle à l’ignorance ”.
120 Les impuretés prenant appui
Sur les sept terres sont à l’instar
De celles de la poche matricielle :
La sagesse, libre de concepts
Comme l’on est libre de cette poche,
Est telle une pleine maturation.
120 Les souillures liées aux sept terres impures sont semblables à une poche matricielle : ’ Les impuretés prenant appui sur les sept premières terres de bodhisattvas sont à l’instar des impuretés de la poche matricielle en ce qu’elles supposent un effort et voilent ce qu’il y à voir. La réalisation de la sagesse sans concept , spontanément présente, sans effort, de la huitième terre, à partir de la libération de ses taches est telle la genèse et la pleine maturation d’un Souverain-à -la roue”.
121 On doit reconnaître en l’enduit
D’argile une comparaison
Pour les taches relatives aux
Trois terres, taches que détruira
Le samādhi comme de diamant
De ceux-là qui sont souverains.
121 Les taches prenant appui sur les trois terres sont comparées à de l’argile : ’ On doit reconnaître en le léger enduit d’ argile de la statue d’or une comparaison pour les subtiles taches relatives aux trois terres pures qui ont la capacité d’être supprimées sans effort, taches de plus que détruira une antidote, le samādhi comme de diamant de ceux qui sont souverains ”.
122 Ainsi les neuf taches du désir, etc.,
Sont-elles comme le lotus et autre.
122 Ainsi, ayant opéré ci-dessus d’une manière détaillée sur le mode de la mise en relation par similitude qualitative, [on a vu que] les neuf types de taches occultant la vacuité (dharmadhātu), désir, colère, etc., ont des similitudes qualitatives avec les exemples qui nous sont donnés, dans le même ordre, du lotus, de l’essaim ’, et autre. Bien que les paraboles soient établies sur des similitudes qualitatives différentes suivant le type de voile que l’on veut expliquer, cela ne veut pas dire que ce voile ne se retrouve pas ailleurs.
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