La Continuité Ultime

L'activité éveillée

Exemple du nuage (II)

244 Les trois groupes de ceux qui ont foi,
S'en tiennent à un entre-deux ou
Haļssent le Véhicule sublime
Sont dits tels les hommes, tels les paons
Et tels les esprits affamés.
244 La [hauteur de] noblesse spirituelle des êtres sensibles par rapport à la pluie du dharma authentique du Véhicule sublime détermine trois groupes, ceux d'une foi sūre en lui, ceux incertains, se tenant à un entre deux en terme de dévotion, et ceux qui ont une foi a contrario, avec de l'inimitié pour lui, [dits] tels dans le même ordre les hommes qui aiment le retour des pluies à la saison chaude, les paons que ces pluies n'affligent ni ne réjouissent et les esprits affamés (preta) qui les haļssent.
245 Les êtres humains à la fin d'un
Printemps sans nuages, les oiseaux
Qui ne se meuvent pas dans le ciel,
Les esprits affamés qui souffrent
Au sol des chutes de pluie d'été,
Exemplifient ceux dans ce monde
Qui cultivent la Doctrine puis ceux
Qui la détestent, suivant qu'a chu
Ou non l'eau du Dharma depuis
La nuée de la compassion.
245 Les êtres humains n'aiment pas l'absence de nuages de la saison chaude, à la fin du printemps, les oiseaux-ocellés [rma bya, les paons], eux, qui ne se meuvent pas portés par le ciel, restent indifférents et les pretas se réjouissent puis le temps de l'été, oł la pluie tombe sur la terre, les hommes se réjouissent, les paons restent indifférents et les esprits affamés souffrent de voir tomber sur eux des pierres brūlantes. De même, quand a chu dans ce monde la pluie de l'eau du dharma authentique générée par la nuée de compassion, se réjouissent ceux qui cultivent la Doctrine, restent froids ceux au milieu et se fâchent ceux qui la détestent et, si elle n'a pas chu, se réjouiront ceux qui la haļssent, resteront froids ceux qui sont au milieu, et s'affligeront ceux qui cultivent la Doctrine. Voilà les similitudes qualitatives qui corrèlent l'exemple - les trois groupes d'êtres sensibles - et sa signification - [l'existence des] trois [degrés de] noblesse spirituelle chez les êtres sensibles.
246 Comme la nuée indifférente,
Aux petits insectes, aux bestioles
Dissimulées dans les ravines,
Quand elle s’épanche en lourdes gouttes,
Eclairs de foudre et pierres brūlantes,
Tout autant indiffèrent aux nues
D’amour et sagesse dans le mode
Vaste et subtile de leurs gouttes,
Tendance latente à voir un soi
Et assainissement des passions.
246 La nuée est indifférente, ne pense pas : « Je vais nuire, je vais bénéficier », quand elle s’épanche en fortes pluies, donc en lourdes gouttes d’eau, en éclairs de foudre, en une une grêle sifflante [comme l’eau, la neige au contact] de pierres brūlantes, accablant une foule de petits insectes à la surface du sol mais laissant indemnes les bestioles dissimulées dans les ravines à qui elles sont même bénéfiques. Autant qu’à elle, il indiffére en tous [points] aux nues d’amour et de sagesse, quand elles s’épanchent dans le mode vaste, moyens habiles, des gouttes de leur générosité, etc., et sur celui, subtil, de la vacuité, que cela accroisse les tendances dormantes à la vue d’un soi des adversaires du grand véhicule ou purifie de leurs passions ceux qui ont de la dévotion pour lui.
247 Le chemin des êtres, présents là
Sans origine à leur naissance
Et à leur mort, en saḿsāra,
A cinq aspects, cinq migrations
Qui, telles la répugnante odeur
D’un déchet, n’offrent aucune joie
Et dont les souffrances permanentes,
Sont semblables à celles du contact
Du feu, d’une arme ou bien du sel,
Souffrances dont les cascades de pluie
De l’enseignement authentique
D’activité compassionnée
Calmeront pleinement le feu.
247 Par le pouvoir du saḿsāra déroulant sans fin les douze branches de la production interdépendante réunissant les trois passions, le chemin qu’ont à parcourir réellement les êtres, qui sont , sans la moindre certitude quant à, seulement, l’origine [de leur existence], la souffrance de la naissance, et, étrangers à la voie de la libération, sans la moindre certitude quant à la cessation [du courant de leur être], la souffrance de la mort, ce chemin a cinq aspects, les trois « venues néfastes (ngan song gsum)" et les deux humaine et divine. Le cycle de ces cinq migrations, telle la substance d’un déchet, qui n’a à aucun moment d’odeur plaisante, n’offre en lui-même pas la moindre possibilité de joie, passant par des lieux extrêmement pénibles aux « trois, huit, etc.. souffrances ». Ces souffrances cycliques, éminemment permanentes, sans trêve, sont très dures à supporter, semblables à la sensation douloureuse qui s’élève quand on est brūlé par un grand feu, transperēé d’une arme acérée ou au contact du sel, etc, sur une blessure ouverte.
En mettant en pratique la vérité [contenue dans] les cascades de pluie d’enseignement de l’authentiquement vaste et profonde activité de grande compassion répandue pour libérer des peines par les Bouddhas, cette pluie, tombant intensément et sans interruption, en harmonie avec la disposition individuelle de chacun, calmera pleinement la masse de feu de la souffrance.
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