La Continuité Ultime

Spontanéité de l'activité éveillée

216 Le Muni est en permanence
Spontané car il ne génère
Aucun de ces concepts : pour qui ?
Comment ? Dans quel but didactique ?
A quel moment et en quel lieu ?
217 Pour celui quelqu'il soit avec
Sa disposition à guider,
Via un des moult moyens habiles,
Quelque soit la tache didactique
A faire, et le temps et le lieu,
218 L'activité reste sans concept,
Délivrance et ce qui y conduit,
Fruit de celle-ci et prise en charge
De ce fruit et condition
Pour que soient les voiles tranchés.
216 L'activité du parfait bouddha, le Muni, est en permanence spontanée, n'est mue par aucun effort car, quelque soit celui, disciple , pour qui elle est engagée, par quelque moyen qu'elle [l'] entraîne, quelqu'en soit le but didactique, en quelque pays, en quelque lieu d'enseignement, à quelque époque pertinente, en quelque temps que le bouddha se rende, il ne génère aucun concept, n'a aucune intention.
217 Pour le disciple, quelqu'il soit avec sa disposition à former, nourrie d'aspirations variées, ils engageront [une activité] spontanément présente d'entraînement ('dul ba la) via un des nombreux moyens habiles parmi les trois véhicules, en accord avec son aspiration précise. Ils engageront [cette activité] spontanément présente quelque soit la tache didactique à faire, qu'elle soit de l'établir temporairement dans un état élevé ou ultimement dans l'excellemment certain. Ils engageront [cette activité] spontanément présente, sans effort ni obstacle, se rendant où et quand à quelqu'endroit et quelque époque qu'il faut, au lieu où se tient celui qu'il incombe de guider et au moment adapté pour sa guidance.
218 L'œuvre du bien des êtres par les bouddhas, qui est continue, est engagée sans concept ni effort sous six [formes de causes et de conditions] :
- elle est l'activité causale, d'abord, du chemin de la délivrance montré excellement par le bouddha et [la condition] qui conduit à cette délivrance sous la forme des deux accumulations [menées à terme par celui-ci];
- elle est l'éveil en tant que fruit de cette cause et cette condition [ci-dessus] ;
- elle est les "êtres sensibles" quand ce fruit [devient] la cause primaire de la prise en charge complète de son objet d'engagement ( 'jug yul ), les êtres sensibles ;
-elle est la grande compassion, condition pour que l'activité supprime et tranche les voiles qu'il faut écarter du courant mental de ces êtres sensibles.
219 Elle est délivrance des dix terres
Franchies ou accumulation
Double, [menant à cette délivrance].
Elle est le fruit de ces [deux] causes,
L'éveil ultime et, éveillée,
Ce qu'elle prend en charge complètement ,
Ce sont les êtres et, condition
De la Victoire intemporelle
Sur les passions primaires, secondes,
Tendances jointes, elle est compassion.
219 [En effet] La condition causale pour [que le bouddha ait la capacité] d']une activité éveillée est son parcours du chemin de la délivrance [depuis l'état] premier du saḿsāra jusqu'au niveau ultime de l'éveil, [c'est à dire] les dix terres de Héros pour l'éveil. Tandis que ses qualités ne cessent d'augmenter au fil des dix terres, l'activité, en tant que cause conductive [de la délivrance, prend la forme de] la double accumulation de mérite et de sagesse.
Le fruit abouti obtenu à partir de cette condition causale est l'ultime, le grand éveil d'une bouddhéité authentiquement insurpassable.
Cet éveil obtenu, l'activité est la prise en charge complète de l'objet d'engagement ( 'jug pa'i yul ) que constitue tous ces êtres dont le bouddha voit qu'ils ont le cœur d'un éveillé. Cette activité, de plus, a pour caractéristique, de viser à défaire les taches adventices obscurcissant ce cœur, l'infinité des passions [primaires] et secondaires et les tendances jointes. Condition de cette victoire intemporelle sur les voiles, elle est l'indication du chemin par grande compassion.
Voilà pourquoi l'activité du bouddha peut-être ininterrompue.
A ce propos, dit Rongtoeun, l'expliquant fort bien  : "Qu'en est-il de l'ininterruption au niveau causal de l'activité ? Elle est celle de l'accumulation ininterrompue [de mérite et de sagesse] pendant les [dix] terres. Qu'en est-il de l'ininterruption au niveau du fruit obtenu ? Elle est celle de l'ininterruption de l'éveil. Qu'en est-il de l'ininterruption [de l'activité] dans son objet et sa présence [par rapport à cet objet] ? C'est celle de tous les êtres [en tant qu'objet] et de la présence en ceux-ci [de l'éveil] sous le mode du cœur de l'éveil dont la compassion supprime les tâches."
Page précédente                                            Haut de la page                                                                   Suite